Digital Revolution

14_09_01

James Bridle, Dronestagram, 2012-14.

Nous y sommes. Et vivons cette révolution digitale que quelques penseurs ou auteurs du vingtième siècle nous avaient annoncé, de Paul Valéry à Marshall McLuhan en passant par Georges Orwell ou Philip K. Dick. C’est un centre d’art qui nous le confirme, à Londres : le Barbican Center dont on sait l’appétit pour les pratiques artistiques émergentes. L’exposition s’intitule Digital Revolution et son commissaire se nomme Conrad Bodman. Ce dernier y assemble les marqueurs temporels d’une créativité exacerbée par le langage binaire où s’entremêlent ordinateurs et consoles vintage, jeux vidéo et making off, œuvres en ligne, interfaces graphiques, objets autonomes ou dispositifs participatifs de ces quarante dernières années. Un événement aussi médiatisé que controversé avec son off virtuel en ligne, Hack The Artworld, où l’on peut notamment lire une lettre adressée aux fondateurs de Google qui compte parmi les principaux partenaires. Les cultures numériques étant aujourd’hui l’affaire de tous, elles sont aux centres de bien des enjeux politiques. Et James Bridle de nous le confirmer avec son projet Dronestagram regroupant, sur Instagram, les images satellitaires de territoires ayant été les théâtres d’opérations militaires “distantes” engageant des drones en Afghanistan comme au Yemen. L’auteur a compilées les informations permettant de dévoiler ces attaques non officielles de drones américains en recoupant de multiples sources induisant celles du Bureau of Investigative Journalism. Car ce sont les mêmes technologies qui, d’un côté assurent la discrétion des dispositifs mis en place par les services de la CIA, et de l’autre nous permettent d’en révéler les actions au plus grand nombre. C’est en 2012 que James Bridle a initié ce projet visant à rendre visible ce qui, pourtant, ne l’est pas. La même année, il commençait aussi à travailler sur une autre création, Drone Shadows, en dessinant les contours grandeur nature de drones de combat à même les sols de nos villes. Sa façon de nous rappeler que nous vivons tous sous les ombres invisibles de tels appareils qui le sont tout autant.

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