Mondes sensibles

14_10_04

Olga Kisseleva, It’s time, 2012.

Le Temps compte parmi les problématiques essentielles que l’artiste Olga Kisseleva développe dans son exposition “Mondes sensibles” du Centre des Arts d’Enghien-les-Bains. Dès le hall d’accueil, il est question du temps qu’il faudrait aux humains pour réinventer génétiquement des espèces d’arbre afin qu’elles soient davantage adaptées aux changements climatiques que la planète subis et que nous nous contentons d’accélérer. Au rez-de-chaussée, il est aussi question du temps requis par les marques d’une industrie pétrolière pour se répartir les vastes territoires de l’Arctique. Mais il est aussi affaire de virtuel dans cette exposition, ou plus exactement du code informatique que l’artiste nous donne à voir. Colorisés diversement, les caractères qui représentent des virus nous disent la violence du combat, dans la machine, dont nous sommes une fois encore les spectateurs impuissants. Avec “Time Value” (2012), Olga Kisseleva dont la pensée a évolué au fil de ses déplacements d’Est en Ouest envisage la valeur du labeur en calculant le temps de travail qu’il faut fournir pour s’offrir un Big Mac. Celui-ci passant de quelques minutes à quelques heures en fonction de sa position géographique. Avec “Tweet Time” (2014), elle ralenti le temps, dans l’image, au fur et à mesure que nous nous plaignons d’en manquer sur Twitter. Car elle est à notre écoute, allant jusqu’à inventer une machine (It’s time, 2012) qui, captant les rythmes biologiques qui nous sont propres, prodigue des conseils personnalisés comme le font ceux qui nous sont chers. Et puis, il y a ce tissu rouge qui témoigne d’une performance passée et illustrant l’infini au regard de ce qui qualifie au mieux notre évolution au fil des siècles : l’art. Un tissu sans début ni fin avec lequel l’artiste se saisit du Centre d’Art pour nous englober, nous placer au centre de l’œuvre en nous confiant la responsabilité du Monde sur lequel nous pouvons ou plus plutôt devons agir avant qu’il ne soit trop tard. Considérant nos prises de conscience comme des composantes essentielles car permettant d’accomplir cette exposition résolument “inachevée” d’Olga Kisseleva.

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