Émilie Brout & Maxime Marion, Return of the Broken Screens, –2015.
Les Nouveaux chercheurs d’or – c’est le titre de l’exposition actuelle d’Émilie Brout et Maxime Marion à la galerie la 22,48 m2 – scrutent aujourd’hui l’Internet avec autant de ferveur que les orpailleurs d’antan inspectaient leur batée. Car c’est en réseau, depuis qu’il a émergé, que les fortunes se font et se défont et c’est encore en réseau que les artistes contemporains s’inspirent. Aux frontières de la photographie vernaculaire (Ghosts of your Souvenir), ils ont performé par la présence pendant des heures sur des sites résolument touristiques. Puis, durant des semaines, ils ont enquêté sur les sites de partage d’images pour s’y retrouver à l’arrière de ceux qui tiennent la pose. Mais revenons à l’or dont ils ne cherchent en ligne que des représentations factices au travers d’échantillons gratuits. Avant, lorsqu’ils parviennent à se faire livrer, de les encadrer (Les Nouveaux chercheurs d’or) avec les informations textuelles de leurs traçabilités. La pratique de Duchamp, ici, a été adaptée à l’époque car il convient à Miami comme à Basel que les œuvres scintillent. Il y a, dans toutes les pièces des deux artistes, une part critique qui les mène à vendre une vidéo générative (Regulus) à la coupe, c’est à dire à la seconde ou à l’image même. Celle-ci, des plus hypnotique, n’est constituée que d’images dont on devine encore la provenance. Mais elles ont en commun de contenir le cercle, le disque ou la sphère symbolisant la plus étincelante des étoiles de la constellation du Lion. Enfin, il y a les écrans endommagés qu’Émilie Brout et Maxime Marion récupèrent sur des sites de vente en ligne et dont on ne parvient à déceler la part factice des failles que l’on observe (Return of the Broken Screens). Car les séquences qu’ils affichent ont été spécifiquement conçues pour les extirper de la gigantesque décharge de nos déchets contemporains.