Artie Vierkant, Profile, 2016.
En France, le droit d’une personne sur son image est protégé en tant qu’attribut de sa personnalité. Mais comment des lois, qui nous protègent diversement selon les pays des usages immodérées de nos images à l’ère de leur totale dématérialisation et au rythme de leur flux planétaires, pourraient encore opérer ? Et qui, mieux qu’un modèle ayant renoncé à ses droits à l’image, pour nous les évoquer ? On ne sait ni son prénom ni son nom, mais il a posé des heures durant pour la machine qui en a capturé les moindres détails en trois dimensions. Avant de renoncer, par contrat, aux usages en devenir des images ainsi saisies par la machine. Car c’est l’artiste new-yorkais Artie Vierkant qui possède la base de données lui permettant de générer toutes les poses ou postures du modèle ainsi saisi. Ses premières représentations se situant à mi-chemin entre la peinture néo-classique et la photographie objective sont actuellement visibles à la New Galerie que tiennent Marion Dana et Corentin Hamel dans le troisième arrondissement de Paris. Le titre de l’œuvre, Profile, qui est aussi celui de l’exposition nous incite à envisager autrement les profils que, sur l’Internet, nous remplissons méticuleusement avant de cocher instinctivement les cases des conditions de service qui nous en libèrent. Quand, comme pour se rassurer, nous nous convainquons de ne rien avoir à cacher. Il y a dans les représentations par l’image de cet inconnu en qui tous nous nous reconnaissons possiblement, une étrange étrangeté. Confiant, tout comme l’était Faust, il a signé un pacte ou contrat avec celui qui, peut-être, lui apportera la célébrité qu’un autre artiste en d’autres temps nous a déjà promis !