Anish Kapoor, Ascension, 2015 – Félicie d’Estienne d’Orves & Julie Rousse, EXO, 2015.
A la Nuit Blanche, il faut accepter de se perdre pour découvrir, parfois au prix d’interminables files d’attente, quelques lieux improbables et/ou œuvres d’exception. En collaboration avec la Galleria Continua et l’invitation de José-Manuel Gonçalvès, directeur du Centquatre et curateur de cette quatorzième Nuit Blanche, Anish Kapoor a reconstitué artificiellement une tornade qui semble annoncer la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris à la fin de l’année. Mais il convient, pour en faire l’expérience, de circuler dans un long couloir en spirale qui fait partie intégrante du dispositif, de l’appareil la faisant émerger. On comprend alors que le souffle qui nous a accompagné génère la tornade intitulée Ascension par l’artiste. Elle est d’une fragilité extrême. S’en approcher c’est la perturber. Quand vouloir vérifier son immatérialité revient à la détruire. La fragilité de ce phénomène météorologique reconstitué est à la mesure de celle du climat que nous devons tous reconsidérer. Mais l’œuvre d’Anish Kapoor est aussi porteuse d’espoir quand, naturellement, elle se reconstitue. Comme si les actions des visiteurs précédents étaient toutes possiblement “réversibles”.
Proche du Centquatre, il y a l’embarcadère qui permet de se rendre à Aubervilliers où Félicie d’Estienne d’Orves & Julie Rousse nous encouragent, quant à elles, à reconsidérer la taille de notre planète en nous projetant aux confins de la galaxie. EXO, c’est le titre de leur installation sono-lumineuse, compte parmi les œuvres ou événements que Gilles Alvarez a su fédérer avec la Biennale Internationale des Arts Numériques dont il est à l’initiative. Le public est confortablement allongé sur des transats pour contempler un laser de forte puissance qui se réfléchit alternativement sur deux surfaces contrôlées numériquement pour retracer les vecteurs qui mènent à de lointaines étoiles. Un écran LED nous donne les distances en années lumière qui nous séparent de leurs lueurs passées. Et il en est, inévitablement, qui ne brillent plus au moment où la machine les nomme tout en les réactivant !