Joe Hamilton, Indirect Flights, 2015.
La soixante-sixième édition de l’exposition Jeune Création se termine tout prochainement. Or il est intéressant, à l’heure du bilan, de remarquer que c’est la galerie Thaddaeus Ropac qui l’a accueillie cette année sur son site de Pantin ayant les allures d’un centre d’art. Car il n’est guère fréquent qu’une telle galerie, à ce point repérable sur le marché de l’art à l’international, participe à organiser un tel événement dédié aux artistes émergents. Et parmi les autres partenaires, on remarque le Sudio XPO initiée par Philippe Riss qui inaugure là le prix du Postdigital, une tendance visant à rematérialiser les pratiques numériques de l’immatériel dans le White Cube de l’art contemporain. Ce que Kevin Cadinot et Caroline Delieutraz poursuivent en ligne avec le projet associé White Screen dans sa seconde version. Les cultures numériques sont donc à l’honneur à la croisée de l’art et des pratiques émergentes. Comme elles le sont depuis peu à la Maison Populaire de Montreuil au sein de l’exposition Simulacre de la saison “Comment bâtir un univers qui ne s’effondre pas deux jours plus tard” des curateurs en résidence Marie Koch et Vladimir Demoule. Il est un artiste dont le travail est simultanément présenté à Pantin et à Montreuil pour se poursuivre en ligne, c’est celui de Joe Hamilton. L’artiste australien a conçu et réalisé Indirect Flights en de multiples versions. Dans tous les cas, le public fait face à un collage de l’hybride sans début ni fin. C’est un univers de textures dont la planéité cohabite avec la profondeur. Cartes, matériaux, entre autres fragments, glissent les uns au-dessus des autres sans jamais entrer en collision car ils ont été déposés à diverses altitudes par l’artiste. Les “vols” des spectateurs sont inévitablement “indirects” comme le sont les voyages sans destination précise. Indirect Flights est un périple dont on ne connaît que l’heure du départ.