Julie Morel, “Sweet Dream”, 2007.
Nous voilà à mi-parcours de cette recherche, aussi il est trop tard pour se poser la question de son éventuelle pertinence comme celle de son extrême précision. Même lorsque l’on sait la dangerosité inhérente aux sujets de recherche par trop précis, quand les cas d’exemple viennent à manquer. A moins que ce ne soit seulement la hantise qu’ils ne raréfient. Alors il est temps d’interrompre momentanément cette recherche, juste le temps d’une “respiration”. Il est temps pour moi de me laisser interrompre par une œuvre qui me hante par la justesse de son propos, et peut-être aussi parce que je ne l’ai jamais expérimenté, ne pouvant par conséquent que la fantasmer. Intitulée “Sweet Dream”, elle permettait à tout spectateur distant d’interrompre Julie Morel, la conceptrice de l’œuvre comme celle de l’exposition “My life is an interactive fiction”. La pertinence du titre de l’événement n’a pas échappé à Grégory Chatonsky qui se l’ai approprié pour en faire œuvre à son tour. Mais revenons à “Sweet Dream”. Nous sommes en 2008, à Toulouse, quand la partie visible de l’installation se résume à la présence, sur un mur, des touches “Sleep” et “Wake Up” provenant d’un clavier. A elles seules, elles symbolisent parfaitement la façon dont nous nous projetons dans nos machines car nous les imaginons toujours plus “humaines” qu’elles ne le sont en réalité. Dans la galerie Duplex, une simple pression sur l’une de ces touches – mais laquelle puisqu’il y a deux alternatives ? – et c’est la lumière qui s’allume ou s’étend chez Julie. Ou comment définir l’interactivité avec autant de précision, de justesse ? Sans omettre l’extrême poésie du titre de l’exposition qui ne fait que renforcer le propos d’une telle installation m’en évoquant une autre, plus ancienne. Celle que Yaacov Agam, réalisée en 1967 : “Fiat Lux”. Quand claquer dans ses mains provoque l’allumage d’une ampoule tout ce qu’il y a de plus ordinaire. « Et que la lumière soit » !